Philippe Leclerc de Hauteclocque : une vie au service de la France

De la jeunesse picarde à Saint-Cyr
Né le 22 novembre 1902 à Belloy-Saint-Léonard dans la Somme, Philippe Leclerc grandit dans une famille de petite noblesse provinciale. Élève sérieux et réservé, il intègre l’Académie militaire de Saint-Cyr en 1920, où il se forge une réputation de soldat courageux et d’officier respectueux de ses hommes. Affecté successivement à l’infanterie coloniale puis aux troupes blindées, il apprend très tôt à allier rigueur tactique et fibre humaniste. Ces années de formation lui donnent la solidité morale et la maîtrise technique qui seront déterminantes lorsqu’il embrasera, quelques décennies plus tard, la grande épopée de la France libre.

L’appel du désert et la naissance du « général Leclerc »
En juin 1940, le colonel Leclerc, alors stationné au Maroc, refuse l’Armistice et gagne Dakar pour rallier, en transit, la colonne d’Édouard Leclerc qui s’empare du Gabon. De ce geste d’insoumission naît sa légende : en juillet 1940, il prend le commandement de la « Colonne Leclerc » à Fort-Lamy (Tchad), première unité blindée française à répondre à l’appel du général de Gaulle. Il jure devant le drapeau : « Jusqu’à la victoire, toujours ! ». Son action permet de libérer l’Afrique équatoriale française du joug du régime de Vichy ; la France libre y trouve un sanctuaire et un point d’appui stratégique inestimable.

Des sables africains aux plaines tunisiennes
Promu général de brigade, Leclerc participe à la campagne d’Érythrée et d’Éthiopie, puis rejoint le débarquement allié en Afrique du Nord (opération Torch). À la tête de la 2e Division Blindée, il combat en Tunisie, manœuvrant avec audace dans le désert puis dans le bocage : ses blindés sont parmi les premiers à percer les défenses allemandes à El Alamein. Par sa ténacité, il contribue à l’épuisement des forces de l’Axe en Méditerranée, offre un tremplin vers l’Italie et, surtout, fixe une part de la France libre au cœur des opérations, redonnant à la nation vaincue sa dignité et son influence sur le cours de la guerre.

L’honneur de Paris retrouvé
Revenu sur le sol national à l’été 1944, Leclerc marche vers la capitale à la tête de la 2e DB : le 24 août, ses colonnes entrent dans Paris par la Porte d’Orléans. Accueilli en héros, il libère la ville de l’occupation allemande, scellant le retour de la République. Son geste symbolique restaure la fierté des Français et marque un tournant politique : il instaure la légitimité du général de Gaulle, consolide le projet gaulliste et affirme la continuité de l’État français. Par cet acte, Leclerc change le destin de la France en lui rendant sa liberté et son unité.

Vers la victoire finale
Après la libération de Paris, Leclerc conduit sa division à travers la Lorraine jusqu’à Strasbourg, puis vers l’Allemagne. En avril 1945, ses blindés investissent Berchtesgaden, lieu du pouvoir nazi, et symbolisent la défaite totale du Troisième Reich. Partout où il passe, il fait flotter le drapeau tricolore, imprégnant l’Europe de la présence française victorieuse. Son exemplarité militaire et morale offre un nouveau souffle à la diplomatie de la France : elle réapparaît sur la scène internationale comme puissance libératrice, garante de la reconstruction et de la paix.

Un héritage tragique
Nommé gouverneur des Territoires français d’Outre-Mer du Levant, Leclerc sert la France dans la mise en œuvre d’une administration transitionnelle au Moyen-Orient. Le 28 novembre 1947, il disparaît dans un accident d’avion au Congo belge. Son décès brutal choque la nation ; il laisse l’image d’un chef humble, d’un soldat dévoué, dont le destin a permis à la France de renaître de ses cendres. Philippe Leclerc de Hauteclocque a redéfini la place de la France dans le monde, forgé la cohésion nationale et tracé, par son engagement, la voie d’une République restaurée et fière de son histoire.